Extrait du Bulletin Mémoire vive 33 de juillet 2019
Il était une fois Dijon l’allemande. Le 17 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent à Dijon et instaurent le couvre-feu. Les juifs ont été recensés dès 1941 et inscrits sur des listes. Les rafles ne tardent pas à suivre.
Pour répondre à la volonté du 3e Reich, les autorités françaises ont procédé à une rafle du 24 au 26 février 1944 . En Côte d’or, 89 personnes de confession juive ont été internées dans l’école Jean-Jaurès de Dijon jusqu’au 3 mars 1944, puis ont rejoint le camp d’internement de Drancy . Le 7 mars 1944 ils ont pris le convoi 69 pour être envoyés à Auschwitz Birkenau, vers les camps de la mort. Agée de 26 ans Paulette Levy, née le 10 octobre 1918 à Hettange-Grande (Moselle) fait partie du convoi avec sa mère et sa sœur.
Paulette Levy matricule 75940 bloc 22 y a creusé des tranchées, travaillé dans des champs de pomme de terre qu’elle cachait dans ses vêtements pour pallier à la faim tenace et subi des violences par les femmes allemandes condamnées au droit commun.
De ce triste voyage, à la libération, elle, seule, reviendra, très affaiblie. L’unique rescapée des 89 personnes innocentes, parties de Dijon. Elle sera prise en charge par la Croix rouge , reviendra sur Dijon et sera accueillie par une famille juive, pendant 11 mois.
En 1948 elle épouse Roland Leroy . Le couple s’installe à Lyon. Elle ne parlera jamais à son fils de cette période noire. Elle s’éteint en 2005.
Ce n’est qu’après son décès grâce au travail de l’association Mémoires Vives de Dijon que le silence a pu être rompu et la vérité découverte.
Une école en hommage.
Un bel hommage est rendu à ces disparus et à cette jeune femme. En avril 2014 une plaque du souvenir a été dévoilée sur le mur de l’école Jean-Jaurès, où s’étaient déroulés les terribles événements de mars 1944.
En 2018 une consultation est menée auprès des parents d’élèves, enseignants, directeur et agents du groupe scolaire. Après un vote validé par le conseil municipal de Dijon et une publication au JO, Paulette Lévy rescapée de l’horreur des nazis a été choisie parmi plusieurs propositions pour que l’école porte son nom.
Le 6 mai 2019 une cérémonie a lieu en présence du Maire de Dijon et de son fils Jean-Claude Leroy, des élus municipaux, diverses associations d’anciens combattants, des élèves de CM1 et CM2. Les dijonnais furent nombreux.
Monsieur Rebsamen maire de Dijon déclara entre autre : L’Ecole Paulette Levy devient une façon de se souvenir de ce que l’homme a de plus sombre en lui pour que les générations futures puissent choisir en conscience d’agir avec bienveillance et respect.
Cette commémoration fut d’autant plus émouvante que Jean-Claude Leroy prit connaissance, en même temps que le public, du témoignage de sa mère enregistré au CHRD de Lyon.
Claudine Leroy