Ma nièce ayant décidé de partir pour un voyage d’études d’une année en Nouvelle –Zélande, je me suis intéressé à ce pays des antipodes que l’on ne connaît que par son rugby et ses moutons.
Ce pays composé de deux îles principales (l’île du Nord et l’île du Sud) est situé à quelques 2.000 Kilomètres de l’Australie, il est très isolé du reste du monde.
Ce pays a l’une des Histoires les plus courtes du Monde, il s’agit d’un des derniers territoires découverts par l’Homme. Les Maoris y sont arrivés entre 1050 et 1300. Les premiers Européens n’y ont débarqué qu’en 1642.
La question, en rapport avec mes rubriques habituelles, était de savoir s’il existait une Communauté juive dans ce pays , elle existe et son histoire mérite ce long voyage.
L’histoire des Juifs de Nouvelle- Zélande est relativement récente, elle débuta avec la venue des colons blancs au début du 19ème siècle. Des commerçants australiens, Cooper et Lévy ouvrirent en 1829, un magasin de fournitures générales afin de répondre aux différents besoins des nouveaux arrivants. Un an plus tard, Joseph Montefiore chercha à établir des comptoirs portuaires, mais ses projets ne virent pas le jour.
Le premier Juif venu s’installer définitivement fut un certain Joël Samuel Pollack, sa vie nous est connue par un récit qu’il laissa où il relatait les péripéties de son installation à Kororareka, dans le sud de l’île.
Avant que la Nouvelle –Zélande ne devienne une colonie britannique, il y avait moins de 30 juifs dans l’ensemble des îles.
En 1840, David Nathan, accompagné d’une douzaine de commerçants, fonda la première communauté juive à Auckland et le 31 octobre 1841 il se maria avec Rosetta Aarons, ce fut la première union juive de la Colonie.
Parallèlement, une autre Communauté s’implanta dans l’île du sud, à Wellington, elle fut fondée par Abraham Hort qui se donna pour mission de faire émigrer des Juifs nécessiteux provenant des îles britanniques.
La découverte des gisements d’or, en 1860, amena un grand nombre de migrants juifs qui vinrent s’établir dans l’île du sud.
En 1861, 326 juifs étaient dénombrés et 6 ans plus tard, leur nombre avoisinait les 1300, soit 0,6% de la population totale de la N-Z.
En 1870, la première synagogue fut érigée à Wellington.
En 1881, de nombreux Juifs russes et polonais, fuyant les persécutions tsaristes vinrent s’établir en N.Z.
Contrairement à de nombreux pays européens, la N-Z, accueillait les émigrants juifs avec une grande bienveillance, ceux-ci pouvaient envisager, n’importe quelle carrière qu’elle fût commerciale ou politique.
Ils furent d’ailleurs vite capables de s’intégrer à la vie politique de la Colonie, dès 1869, Nataniya Levin siégea au Parlement.
L’un des hommes les plus influents du 19ème siècle fut Julius Vogel, il fut deux fois Premier Ministre et anobli par la Couronne d’Angleterre sous le titre de Sir Julius.
Au cours du 20ème siècle, pas moins de deux Ministres de la justice, six Maires d’Auckland, de nombreux Parlementaires et des Maires de grandes villes étaient issus de la Communauté juive.
Pour les Médias néo-zélandais, les Juifs font partie intégrante de la Nation, ayant apporté leur contribution dans les domaines les plus divers (éducation, arts, médecine, affaires politiques)
De nombreux mariages mixtes ont été célébrés de sorte que de nombreux politiciens ont des racines juives, l’actuel Premier Ministre John Key a des racines ashkénazes.
En 1980, un fonds des archives juives de Nouvelle-Zélande fut créé, il comporte des milliers de documents ayant trait à tous les aspects de la vie de la Communauté.
En 1993, la commémoration du 150ème anniversaire de la présence juive en N-Z fut l’occasion de l’affirmation des liens profonds qui la rattache à son pays d’adoption.
Il est à remarquer, pour l’anecdote, que l’un des joueurs de rugby le plus populaire est un All Black d’origine juive : Josh Kronfeld.
Les relations de la N-Z avec l’état d’Israël sont en dents de scie, elles passèrent d’un soutien inconditionnel depuis sa création en, jusqu’à la rupture des relations diplomatiques entre les deux Etats et la fermeture de l’Ambassade israélienne à Wellington en 2002.
Les mauvaises langues disent que l’attitude de la N-Z serait liée aux fructueux échanges commerciaux qu’elle fait avec les pays arabes, qui sont de gros consommateurs de moutons (le pays compte 9 moutons par habitant)
Après une interruption de 8 ans, Israël a rouvert son Ambassade en 2010, mais il est à remarquer que pour des raisons de sécurité le Gouvernement néo-zélandais ne fit aucune déclaration officielle afin d’éviter d’éventuelles manifestations pro palestiniennes.
En 2010, la pratique de l’abattage rituel a été interdite et les discussions sont très vives entre le Ministère de l’Agriculture et la Communauté qui a porté l’affaire devant la Haute Cour de Justice.
Le Centre communautaire le plus important de N-Z, celui de Christchurch a été totalement détruit lors du tremblement de terre de 2011, il vient d’être reconstruit grâce à une collecte internationale.
La population juive de N-Z est, selon le dernier recensement, évaluée à 7000 âmes sur 4,2 millions d’habitants.
Elle est répartie dans toutes les grandes villes et notamment à Auckland et Wellington.
Une Communauté, issue principalement de Juifs d’origine libanaise, subsiste à Dunedin (île du sud) où se trouve l’une des plus anciennes synagogues d’Océanie.
J’ai découvert un pays où une population juive, totalement intégrée, se revendique haut et fort, comme une partie indissociable du reste de ses concitoyens. Jean-Claude Nerson