23 janvier 2013.
La neige tombe.
Un ciel blanc, laiteux, il semble intransperçable.
Un soleil, caché par ces épais nuages, sans réelle lumière.
Le ciel de Birkenau semble recouvert d’un linceul blanc ce matin là.
Comme si le ciel voulait ici arrêter le temps.
Comme si les nuages même voulaient cacher ce funeste lieu.
Des flocons de neige tombent lentement.
Des pas dans la neige.
Des discussions à voix basses.
La neige tombe sans fin.
Créant le silence, le calme, une sorte de douceur…
Le bonnet enfoncé sur la tête
L’écharpe remontée sur le nez
Il ne reste plus que les yeux…mes yeux.
Il ne me reste plus que mes yeux pour réaliser.
Pour essayer de réaliser… que je suis là.
Là, où ils ont marché.
Là, où ils ont pleuré.
Là…où ils sont morts.
Sous mes pieds peut-être le plus grand cimetière du monde.
Sous mes pieds… je n’y crois pas
Je suis là
Je regarde
J’essaie en vain de comprendre
J’essaie en vain d’imaginer
Je ne peux pas.
Quand je vois le bâtiment de Birkenau
Je ressens comme un sursaut en moi
Je suis là !
Regarde !
Ce bâtiment, je le connais, je l’ai vu dans tant de livres d’Histoire…
Et il est là.
Je suis là
La neige tombe
Il fait froid
Ils étaient là.
Aude
Documents transmis par le Proviseur P. Restout du lycée Marcel Gambier à LISSIEUX.
Parmi ces nombreuses lettres et poèmes de remerciements lors du témoignage de Monsieur Charles BARON en janvier 2013
Je tenais à vous remercier d’avoir survécu, de vous être battu pour survivre, d’avoir eu cette force intérieure et de ne jamais céder.
Je tiens à vous remercier d’avoir eu, et d’avoir toujours la force de témoigner.
Je tiens à vous remercier d’être venu à Caen, ce mercredi 29 mai 2013, et d’avoir écouté chacun de nos mots. Nous avons reçu les vôtres en plein cœur, nous avons pleuré en les écoutant, vos remerciements étaient les plus beaux que vous puissiez nous faire.
Charles depuis le mois de décembre, je me suis imprégnée de témoignages de déportés, pas un jour ne s’est passé sans que je repense à ces mots que j’avais lus et écoutés. Les images d’Auschwitz me reviennent sans cesse en tête.
J’ai entendu vos mots et vos souffrances. J’ai compris d’où vous venait cette volonté de témoigner.
Participer à ce voyage d’étude et à l’ensemble de ce projet m’a fait grandir, car j’ai pris conscience que la haine ne menait qu’à la destruction de l’autre, j’ai pris conscience que l’homme pouvait être son propre ennemi.
J’ai compris alors qu’il fallait témoigner, que jamais la shoah ne devait être oubliée. J’ai aussi pris conscience que cette mémoire aura encore plus de valeur si elle peut être utilisée pour avoir une réflexion sur l’avenir.
En écoutant vos mots, ceux de Ginette Kolinka, en lisant ceux de Simone Weil et de Sam Braun, j’ai compris que ces millions de juifs n’étaient pas morts en vain, puisque vos mots résonnent toujours et je vous fais la promesse qu’ils résonneront encore et encore.
Je hurlerai, s’il le faut, pour que le monde entier entende vos mots et votre douleur, pour que le monde entier n’oubli pas.
Je témoignerai.
Je vous remercie infiniment.
Aude.