Les terribles massacres qui endeuillent Israël ont
ramené l’île de Chypre sous le feu des projecteurs.
Cette île redevient un refuge et de nombreux Juifs
israéliens traversent la courte distance pour essayer de
se mettre à l’abri des attentats terroristes.
Des rescapés du pogrom sanglant du 7 octobre
retrouvent une paix intérieure dans des centres
de thérapies organisés par des entreprises privées
israéliennes. Chypre est aussi une importante base
anglaise d’où les avions britanniques ont pu décoller
pour assister efficacement Israël lors de la dernière
attaque iranienne.
Chypre avait déjà joué ce rôle de terre d’accueil, quand,
au 3ème siècle, les Juifs s’étant soulevés contre le
pouvoir de Rome, furent bannis de Judée et de Samarie
et se réfugièrent dans différents lieux de l’île, Golgoi,
Lapethos, Constancia où Salamine, dans ces quatre
villages furent découvertes d’anciennes synagogues et
des tombes aux inscriptions hébraïques.
Mais la présence des Juifs à Chypre est encore plus
ancienne, déjà au deuxième siècle avant notre ère, ils
étaient installés et vivaient en excellente harmonie avec
les nombreuses religions qui se côtoyaient sur cette
petite île régit par l’Empire romain.
Une vie vouée à la pratique de leur religion et au
commerce entre les différentes composantes de l’île,
une vie très agréable qui leur faisaient espérer un avenir
qu’ils envisageaient serein. Barnabé, l’un des apôtres
envoyé par Paul fut chargé, sans beaucoup de succès,
de les convertir à la nouvelle religion qui s’implantait
petit à petit : le christianisme. En 117, les chypriotes
se soulevèrent contre les Romains, l’Empereur Trajan
envoya ses Légions pour mater la rébellion, 240.000
chypriotes furent exterminés.
Les Juifs, ayant soutenus la révolte furent bannis et
interdits de séjourner dans l’île, ce bannissement dura
3 siècles, un Juif s’aventurant dans cette région ou y
accostant par obligation, était immédiatement arrêté et
exécuté.
Les Juifs disparurent totalement de Chypre jusqu’au
4ème siècle.
Ils s’y réinstallèrent petit à petit, créant des comptoirs
de commerce, mais les nombreuses invasions arabes,
pillant tout sur leur passage et emmenant comme
esclaves les membres les plus jeunes, firent interrompre
ces velléités de retour.
Très peu d’Historiens relèvent une présence juive, les
quelques individus restant sont des Juifs romaniotes (la
plus ancienne communauté juive du Moyen-Orient),
grécophones, vivant en symbiose avec les autochtones.
En 1110, Benjamin de Tudela, voyageur juif du 12ème
siècle, précurseur de Marco Polo, visitait le monde connu
et relatait dans un ouvrage « les voyages de Benjamin »
, les conditions de vie des communautés juives qu’il
rencontrait. Visitant Chypre, il décrit l’existence de 3
Communautés distinctes : les Karaïtes, les Rabbanites
et les Epikursin (il considère ces derniers comme une
secte hérétique). Les uns et les autres venaient d’Egypte
où existait une forte Communauté.
encouragea les marchands juifs à venir s’installer, leur
promettant de nombreux avantages.
Famagouste et Nicosie se peuplèrent de fortes
Communautés, quelques 2000 individus y demeuraient.
En 1571, Chypre fut conquise par les Ottomans, après
une victoire décisive sur la République de Venise qui
était en possession de l’île.
Un Juif fut désigné comme intermédiaire entre les deux
parties pour mettre fin à ce conflit, cette guerre, que
l’Histoire nomma la guerre de Chypre, représente la
défaite des armées chrétiennes contre les Turcs et la fin
de leur présence dans cette partie du monde. Avec les
Ottomans, s’installèrent à Chypre des milliers de Juifs
sépharades, descendants de ceux qui avaient émigré en
provenance de la péninsule ibérique en 1492, après les
lois d’expulsion. Famagouste devint le centre de cette
présence juive.
Durant 3 siècles, les Juifs purent prospérer, non sans
quelques brimades de la part des musulmans, mais avec
une relative sécurité.
En 1878, Chypre devint une colonie britannique,
directement rattachée à la Couronne. De nombreux
Juifs chypriotes purent alors émigrer au Royaume uni
ou aux Etats-Unis.
Pendant la dernière guerre, Chypre joua un grand rôle
de refuge des Juifs persécutés en Europe, déjà en 1933, à
l’avènement du nazisme, de nombreux Juifs allemands
y étaient venus pour échapper aux persécutions. Les
Autorités britanniques ne voyaient pas d’un bon oeil, la
présence juive qui devenait de plus en plus importante
à quelques miles des côtes de Palestine.
Lorsque, à la fin de la guerre, les Anglais furent nommés
mandataires de cette Région, ils interdirent l’arrivée de
bateaux de rescapés de la Shoah voulant accoster en
Palestine. Chypre fut transformée en un gigantesque
camp de concentration où plus de 53000 Juifs furent
internés.
Pour l’anecdote, notre ancien Président, Benjamin
Orenstein, fut incarcéré à Famagouste après
l’arraisonnement du bateau où il se trouvait, avec
quelques centaines de rescapés des camps de la mort,
désireux de participer à la création du nouvel Israël .
Beaucoup furent prisonniers dans de très dures
conditions et ne durent leur survie qu’à l’aide courageuse
de milliers de chypriotes bravant la police de sa Gracieuse
Majesté. Ils ne purent rejoindre la Terre promise qu’en
1948, date de la création de l’Etat d’Israël par la Société
des Nations, quelques 2000 enfants étaient nés à Chypre
de 1945 à 1948.
Un « Jardin de la Paix » a été inauguré pour commémorer
les milliers de Juifs qui furent incarcérés dans les camps
britanniques.
En 1951, il ne restaient plus que 165 Juifs à Chypre,
tombant à 25 en 1970, il ne fallut que quelques dizaines
d’années pour voir une remontée significative de cet
étiage.
Aujourd’hui Israël et Chypre, ont d’excellentes relations,
d’Etat à Etat, depuis que l’île est devenu une république
indépendante en 1960.
Leur aversion commune pour la Turquie renforce
leur coopération et la découverte de très importants
gisements de gaz off-shore, les rapproche un peu plus.
En 2005, la première synagogue de l’ère moderne a été
érigée à Larnaka.
Le musée de civilisation juive est une merveille
architecturale et il fait partie de la volonté chypriote de
ne pas oublier les communautés juives qui ont oeuvré
au développement de l’île.
Chypre fournit Israël en vin casher très prisé par les
Israéliens. En 2011, l’Archevêque Chrysostomos II de
Chypre, rencontra le Grand Rabbin d’Israël et reconnut
officiellement la non responsabilité du peuple juif dans
la mort de Jésus.
En 2018, il y avait 6500 personnes de confession juive
demeurant dans la partie grécophone de l’île.